Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/124

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J’ai dit que les usages publics avaient pour cause première une exploitation peu intelligente et peu intensive du sol. Cela est si vrai que les contestations à leur sujet ont éclaté précisément à la fin du XIXe siècle lorsque les propriétaires ou les fermiers ont cherché à tirer meilleur parti de leurs terres, soit par la culture, soit par la location du pâturage à des pasteurs transhumants. Nous en verrons un exemple bien net à Mentana où le défrichement opéré par un fermier a provoqué un conflit avec la population en restreignant l’étendue des pâturages. La culture rationnelle et intensive implique, en effet, la disposition exclusive du sol ; mais, par contre, une population qui s’accroît et qui n’est pas habituée à augmenter ses moyens d’existence par un travail plus intense et plus productif ou par la fabrication, revendique plus âprement des droits d’usage qui sont sa seule ressource, et cherche à leur donner la plus grande extension possible. Tout concourt donc aujourd’hui à rendre le conflit inévitable et souvent violent.

Origine et historique des usages publics [1]. — Il ne faut pas oublier que nous sommes ici dans un pays où l’évolution de la propriété collective vers la propriété particulière ne s’est pas faite complètement ni définitivement. Les deux formes de propriété sont ici en présence et parfois en lutte, l’une ou l’autre prenant le dessus suivant les temps et les circonstances.

  1. Cf. Carlo Calisse, Gli usi civici nella provincia di Roma. Prato, GiaclieUi, 1906. — Ettore Ciolfi, I Demani popolari e le leggi ugrarie. Roma, Unione cooperativa éditrice, 1906.