Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/175

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pâturages et en bois, et les terres arables ne sont guère cultivées qu’une année sur deux : le pâturage reste en somme le mode de travail dominant. Or, nous savons qu’on reproche précisément, et avec raison, aux latifundistes de tout sacrifier au pâturage et de ne pas faire de cultures nourricières ; c’est pour favoriser la culture intensive que les partisans des domaines collectifs en ont préconisé l’organisation et les voudraient voir constitués avec l’étendue totale des latifundia sur lesquels existent des usages publics. « Il n’y a pas d’économiste, écrit Ciolfi[1] qui ne comprenne que la propriété collective des latifundia dans les mains des agriculteurs soit la seule qui favorise une agriculture intensive complète et florissante, et la résurrection morale, hygiénique et économique des plèbes rurales. » Si la culture dans la province de Rome doit rester dans l’état où elle est, il est inutile d’affranchir les terres aussi bien au profit des usagers que des propriétaires nominaux ; une modification de l’organisation actuelle de la propriété ne se peut justifier que par un progrès dans lu technique agricole et par une augmentation des rendements. Nous ne pouvons pas, à cet égard, apprécier les résultats que donneront les domaines collectifs qui ne sont pas sortis de la période d’organisation et qui sont souvent encore engagés dans des procès longs, coûteux et incertains. Il faut leur faire crédit de quelques années, mais nous pouvons du moins enregistrer ici quelques observations auxquelles ont donné lieu leur

  1. Cf. I demani popolari. Rome, 1906, p. 53.