Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/44

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domaine. Au centre de la cabane un trou entouré de pierres constitue le foyer au-dessus duquel pend une immense crémaillère tournante fixée à l’arbre central de l’édifice qui sert à faire chauffer le lait dans un grand chaudron ; la fumée s’échappe à travers les roseaux de la toiture. Tout autour sont rangés les coffres où chaque homme serre ses vêtements et ses objets personnels ; le long des parois sont installées deux rangées de couchettes, trente-six en tout ; c’est là que dorment les bergers étendus sur la paille et couverts de peaux de moutons. La peau de mouton leur sert aussi à se confectionner des pelisses et des cuissards qui leur protègent les jambes contre la pluie, quand ils sont à cheval, et contre les épines et les ronces lorsqu’ils ont à traverser une haie ou un fourré. Une ou deux tables, des seaux et quelques chaises sculptées au couteau pendant les moments de loisir, complètent l’ameublement.

Lorsque nous entrons, cinq ou six hommes très proprement vêtus, car c’est aujourd’hui dimanche, sont assis sur des caisses, autour de la cendre chaude du foyer. Ils nous accueillent avec aisance et cordialité et nous offrent du pain et de la ricotta, sorte de fromage blanc cuit qu’on obtient avec les résidus de la fabrication du pecorino. Ces hommes sont les butteri, c’est-à-dire ceux qui sont chargés des transports et qui conduisent les charrettes. Il vont deux fois la semaine porter le fromage à Rome, vont chercher le bois et l’eau qui sont parfois très éloignés, etc… Il y a toute une hiérarchie parmi les bergers : à leur tête est placé le vergaro qui représente le propriétaire de