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l’Ombrie, oat un voyage de douze à quinze jours.

C’est le sort, par exemple, des bergers de Testa di Lepre, propriété du prince Doria à 23 kilomètres de Rome, sur la via Aurelia. Le fermier, qui est propriétaire de la masseria, possède aussi des terres en Ombrie ; comme beaucoup de ses semblables, c’est à l’art pastoral qu’il doit sa fortune, grâce à laquelle il a pu prendre à ferme plusieurs domaines dans l’Agro romano et en acheter dans son pays d’origine auquel il reste très attaché. C’est donc dans la montagne que la Campagne romaine recrute non seulement ses bergers et ses ouvriers mais aussi ses patrons agricoles. Ceux-ci font d’assez bonnes affaires, quoique les fermages aient beaucoup augmenté : ainsi, pour le domaine en question, le prix de ferme était, il y a neuf ans, de 56 francs par rubbio (1 hectare 84) ; il est actuellement de 70 francs et le fermier renonce à renouveler son bail parce qu’un concurrent a offert 100 francs. Les bonnes années, on peut réaliser un bénéfice de 30 à 40 francs par hectare ; il est vrai qu’il y a à Testa di Lepre, dans la vallée de l’Arrone, des terres d'alluvion d’une grande fertilité qui, sans fumure, rendent, m’a-t-on dit, jusqu’à trente pour un.

Les villages de pasteurs. — Quoique le pasteur de brebis passe huit mois de l’année dans la Campagne romaine et qu’il y revienne tous les ans pendant toute sa vie, il n’a aucune attache avec le pays ; il y est toujours comme un étranger, comme un nomade ; il ne sait souvent pas où il campera l’hiver prochain puisque beaucoup de