Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/50

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desquels sont disséminées des métairies, puis nous cheminons ensuite à travers les rochers ; çà et là, un petit champ suspendu au flanc de la montagne, des broussailles qui ont la prétention d’être des bois ; enfin, après quatre heures de marche, nous atteignons Cervara, qui est bien dans la situation la plus sévèrement pittoresque qui se puisse imaginer. Le village est dominé par les ruines d’un vieux château au pied duquel s’accrochent les maisons comme un essaim d’abeilles ; elles se prolongent d’un côté en se serrant les unes contre les autres comme pour s’abriter du vent ou se réchauffer mutuellement. Outre le chemin muletier que nous venons de suivre, un sentier descend en zigzag dans le fond de la vallée vers la station d’Agosta, d’où trois ou quatre fois par jour le sifflet de la locomotive monte comme un rappel de la civilisation vers ce village isolé sur son roc. C’est un chaos bien singulier que l’intérieur de ce village : fouillis de ruelles tortueuses qui se coupent et s’entre-croisent, descendent et remontent en escaliers contournés, passent sous des arcs qui contre-butent deux maisons voisines, s’engagent sous des voûtes qui se prolongent en tunnels et ménagent au promeneur toute une série de dénivellations. Pour croiser un passant il faut s’écraser contre les murs, et si l’on rencontre un âne, il n’y d’autre ressource que d’entrer dans une maison tellement les rues sont étroites. Enfin, après de longs détours, après des escalades essoufflantes et des descentes glissantes, nous arrivons chez le médecin à qui nous sommes adressé.

Chaque commune a son médecin comme elle a