Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/52

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les Castelli (Tivoli, Frascati, Albano, etc…) où ils sont employés dans les vacheries. C’est là un effet du développement de la production laitière dans les environs de Rome dû à l’accroissement de la population de la capitale et à l’intensification de l’agriculture en quelques endroits : l’émigration devient définitive et fournit une population stable. Mais c’est encore l’émigration périodique qui domine de beaucoup ; les trois quarts des hommes sont bergers, les autres descendent aussi dans l’Agro romano pour la tonte des brebis, pour les foins et la moisson, de sorte qu’en mai et juin il ne reste au village que les artisans, d’ailleurs assez nombreux : on compte quinze cordonniers et une dizaine de tailleurs. Je veux bien qu’on use beaucoup de chaussures dans les rochers du pays, mais comme on marche souvent pieds nus et qu’on porte volontiers des vêtements rapiécés, j’imagine qu’être tailleur ou cordonnier, c’est un peu une façon de vivre de ses rentes sans passer pour un bourgeois. Il y a aussi des menuisiers et des maçons qui vont chercher du travail au dehors.

Cette émigration prouve surabondamment que les moyens d’existence font défaut à la population. Cela tient, d’une part, à la nature du sol où les rochers tiennent une large place, et au climat qui ne permet pas aux cultures arborescentes de prendre une grande extension[1]. Dans le fond de la vallée on voit des vignes et des oliviers en culture mixte avec les céréales[2] ; sur le plateau au-

  1. Cervara est à plus de 1 000 mètres d’altitude.
  2. La culture mixte (coltura promiscua) est d’un usage général