Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/67

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choses fait naturellement le bonheur et la fortune des hommes de loi.

Cent soixante familles se pressent dans les maisons de l’étroit village dont le territoire ne suffit pas à nourrir la population qui compte aujourd’hui un millier d’âmes. L’émigration est donc une nécessité, mais comme le paysan est retenu au pays par ses instincts communautaires et par son petit lopin de terre, fruit du morcellement et du partage égal, il n’émigre ni définitivement ni très loin. Il va seulement jusque dans la Campagne romaine passer quelques mois d’hiver et gagner de quoi compléter les ressources que la famille tire de son domaine. À Canterano, il n’y a même que les jeunes gens et les jeunes filles qui émigrent, mais cela n’en représente pas moins près de la moitié de la population. Cette année, il y en a près de 300 sur une ferme en voie d’amélioration située un peu au Nord de Rome où ils vont volontiers, car ils y trouvent des logements convenables. Très rares sont les ménages qui émigrent avec leurs enfants. C’est au contraire la règle dans le village voisin de Rocca Canterano où la population est beaucoup plus nombreuse (2400 hab.) et plus pauvre. Des familles entières vont s’établir pendant dix mois de l’année dans les cabanes de l’Agro romano où elles cultivent le maïs et le froment en colonage. Les salaires des émigrants, ou du moins ce qui en reste à leur retour est versé dans la caisse de la communauté et sert aux besoins de la famille et au paiement des impôts. On est frappé, quand on cause avec un paysan italien,