Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/68

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de l’importance qu’a pour lui la question des impôts : c’est une sorte de cauchemar obsédant. Les taxes sont en effet tres élevées, eu égard à la richesse de la population rurale ; de plus, il faut les payer en argent, or si le paysan arrive à vivre, assez mal d’ailleurs, en se nourrissant chichement des produits de son domaine, il lui est beaucoup plus difficile de se procurer du numéraire, d’abord parce que ces produits sont souvent insuffisants pour l’entretien de sa famille, ensuite parce que, dès qu’il s’agit de vendre, il est en général exploité par les courtiers : son incapacité éclate ici au grand jour et toute sa finesse, sa méfiance et sa ruse n’arrivent pas à en atténuer les conséquences. C’est aussi à son incapacité et à son imprévoyance qu’est due cette institution déplorable qui s’appelle le caporalat et dont nous verrons bientôt le fonctionnement et les abus.

Avant de descendre avec nos émigrants dans la Campagne romaine et de les observer dans leur atelier de travail temporaire, faisons une dernière excursion dans la montagne de Frosinone, aux confins de la province de Rome et de celle de Caserte. Nous pourrons observer à Monte San Giovanni la crise de l’émigration périodique due à la réduction des cultures au profit du pâturage dans l’Agro romano et le développement corrélatif de l’émigration temporaire en Amérique.

Monte San Giovanni est situé sur les derniers contreforts des monts Erniques, à 450 mètres d’altitude, dans la zone des cultures arborescentes ; ce n’est pas un village de montagne, quoique les pentes soient assez rapides et le sol parfois