Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/90

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et pouvait leur assurer des moyens d’existence ont lâché le caporal, c’est-à-dire le patron artificiel, pour le vrai patron. Tel est le résultat avantageux pour les deux parties du patronage intelligemment compris et loyalement pratiqué. Il semble que la suppression des caporaux eût dû être difficile pour les Abruzziens qui viennent faire les travaux d’assainissement : cependant le fermier a eu le même succès, il a fait la connaissance personnelle de tous ses terrassiers, s’est intéressé à eux et les a protégés contre les exploitations ; lorsqu’il a besoin d’eux, il leur écrit et les engage sans intermédiaire.

J’ai cité les exemples que j’ai pu observer personnellement, mais on en pourrait citer d’autres. Que conclure ? sinon que les caporaux n’ont pas d’adversaires plus redoutables que les fermiers de la Haute-Italie qui viennent coloniser la Campagne romaine en y introduisant la culture intensive qui stabilise la population. Ces fermiers sont des capitalistes et des chefs d’atelier exigeant certainement plus de travail et de discipline que les « mercanti di campagna », et pourtant leur présence et leur action se manifestent non seulement par une augmentation de la productivité du sol, par un accroissement de la richesse publique, mais aussi par une amélioration du sort matériel et moral de la population ouvrière, et celle-ci s’en rend compte. En définitive, la question de l’émigration temporaire et du caporalat sera résolue tout naturellement dans un sens favorable aux travailleurs par la mise en culture intensive de l’Agro romano.