Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/96

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Étant donné la façon dont sont nourris et logés les ouvriers de la Campagne romaine, il n’est pas étonnant que les maladies fassent parmi eux de nombreuses victimes. En été, c’est la malaria, mais nous verrons quelle est actuellement victorieusement combattue ; en hiver, c’est la pneumonie, car les cabanes abritent mal de la pluie et du vent, et la garde-robe est souvent insuffisante pour lutter efficacement contre le froid et la tramontane.

À Rome, on compare volontiers les villages d’émigrants à des campements de nègres africains et on n’est pas très fier de ces huttes aux portes de la capitale. L’Agro romano n’en a cependant pas le monopole en Europe : j’en ai trouvé de toutes semblables dans les tourbières de l’Allemagne et dans la région sablonneuse de la Frise. Mais dans la Plaine saxonne la hutte est le premier abri du paysan qui se fixe au sol et qui y plonge de fortes et vivantes racines, tandis que dans l’Agro romano, c’est le gîte toujours provisoire d’un ouvrier nomade condamné à une vie toujours errante. En Allemagne et en Hollande, une maison solide et confortable remplace au bout de quelques années la hutte misérable ; dans la Campagne romaine, la hutte succède à la hutte. C’est à peine si aujourd’hui, sur quelques domaines transformés, on arrive à abriter les ouvriers temporaires ; mais sur ces domaines la population stable du moins est logée convenablement et peut se nourrir de façon satisfaisante.

Le mode d’existence des émigrants temporaires de l’Agro romano nous révèle combien sont insuffisants la capacité de l’ouvrier et le patronage du