Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

propriétaire et du fermier ; ce patronage est même le plus souvent inexistant. La famille ouvrière vit donc au jour le jour, sans épargne, et ne peut compter sur aucun appui ; aussi est-elle complètement abattue par les accidents, les maladies et les calamités de tous genres qui peuvent fondre sur elle. Elle n’a pas alors d’autre ressource que la charité publique et elle est même souvent incapable de faire valoir ses droits. On me cite le cas d’un ouvrier victime dm accident : le caporal se fait verser pour lui par le patron une somme de 500 francs, mais il ne la lui remet pas et la garde pour soi. Où l’ouvrier aurait-il appris qu’il avait droit à une indemnité ? D’où lui viendrait l’énergie suffisante pour obtenir justice ? Qui lui donnerait un concours efficace pour cela, si ce n’est peut-être l’homme de loi dont l’intervention absorberait le plus clair de l’indemnité ?

Vis-à-vis de l’assistance publique même, ces émigrants de l’Agro romano sont dans une situation très défavorable. N’étant pas domiciliés dans la commune de Rome, ils n’ont droit à aucun secours ; en fait, on ne les leur refuse pas, mais, s’ils sont admis dans les hôpitaux de Rome, ceux-ci s’adressent à leur commune d’origine qui doit payer les frais d’hospitalisation ; cette commune de montagne qui n’est pas riche, exerce son recours contre la famille si celle-ci possède quelque bien, et parfois ce bien est vendu. Quand on dit que les ouvriers de l’Agro romano vivent comme des bêtes et sont traités en esclaves, on exagère à peine.

Nous venons d’examiner les répercussions d’une