Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/99

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sur lequel ils sont frustrés ; 4o parce qu’il rend très difficile l’organisation ouvrière. De telle sorte que, dans un pays où la main-d’œuvre ! semble manquer totalement, les salaires sont très bas. Il en résulte que l’épargne est presque impossible et qu’ainsi tout moyen d’ascension fait défaut à la population ouvrière.

Quant à la famille, elle subit des influencer désorganisatrices : 1o parce qu’une partie de ses membres, souvent même son chef, sont éloignés d’elle chaque année, pendant de longs mois ; 2o parce que, si elle reste groupée, elle vit loin de son propre foyer où elle ne séjourne que deux ou trois mois, et qui se trouve tout à fait séparé et éloigné de son atelier de travail. Il s’ensuit qu’elle perd l’appui de la communauté sans apprendre à développer son énergie et son initiative puisqu’elle émigré temporairement, en territoire non peuplé, et en compagnie d’autres familles de même formation sociale et subissant les mêmes influences. Cette famille déprimée se résigne à un mode d’existence déplorable, sans dignité, sans respectabilité, sans confort et sans hygiène ; elle subit aussi sans résistance toutes les calamités qui viennent à l’assaillir.

Elle aurait besoin d’un patron attentif, bienveillant et énergique ; mais le propriétaire latifundiste est trop loin, trop insouciant, et trop nombreux sont les ouvriers qui travaillent sur ses terres. Le fermier ne s’intéresse pas à des ouvriers temporaires et nomades. Ceux-ci n’ont qu’un patron effectif, c’est le caporal ; or, nous avons vu les défectuosités de ce patronage.