Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/117

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singulier prestige auprès de l’intendant ; toutes les faveurs de celui-ci passaient par ses mains. Elle était la Pompadour en petit, quoi ! Aussi, jouissait-elle à peu près, de la même considération que celle-ci parmi les Canadiens ».[1]

La mission dont fut chargé Péan en France en 1758 était une véritable moquerie.

La veille de son départ pour la France le 12 août 1758, M. Doreil remettait au sieur Canon, capitaine du navire qui devait conduire M. Péan en France, une lettre qu’il devait faire parvenir au maréchal de Belle-Isle avant que Péan se rende à la cour. Dans cette lettre, M. Doreil disait au maréchal : faites la paix au plus vite sinon le Canada est perdu. Puis, il ajoutait :

À l’égard de M. Péan, c’est un officier vendu à M. de Vaudreuil et à M. Bigot, qui depuis que nous sommes en Canada n’a pas fait une campagne et a toujours été constamment occupé auprès d’eux de la partie des subsistances, pour laquelle il a été d’autant plus utile qu’il y est intéressé. Il va porter la nouvelle d’une action où il n’était pas, et dont il est sans doute chargé de parler fort en détail, sa mission s’étend vraisemblablement plus loin encore. Il passa en France sous le prétexte de prendre les eaux de Barêges pour des douleurs au bras ; je crois qu’il en a besoin, mais je suis convaincu qu’on ne l’aurait pas laissé aller cette année sans quelque

  1. Canadian Antiguarian.