Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/116

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et sa vigilance furent plutôt employées dans son intérêt que pour celui du Roi et de son pays.

Disons tout de suite que Péan commença de bonne heure son métier de profiteur. Le sieur de C. ne dit-il pas dans son Mémoire : » La cour avait remis à M. de la Jonquière, lors de son départ de France pour le Canada, la commission d’aide-major pour cet officier ; elle lui avait en même temps commandé d’examiner le sujet des plaintes qu’on avait portées contre lui, et, en cas qu’elles fussent véritables, non seulement de ne pas lui donner la commission, mais même d’en informer la cour ; l’intendant le justifia auprès du général (gouverneur) »[1].

En tout cas, dans les années qui suivirent, Péan fut un véritable entremetteur entre les fournisseurs et l’intendant. Il était de part dans toutes les entreprises, tous les contrats, il avait son mot à dire dans les recommandations, les nominations par l’intendant, etc., etc.

Péan fit une fortune considérable en moins de dix ans. On prétend qu’elle se montait à plusieurs millions.

Et, le plus triste là-dedans, c’est que les gens disaient un peu partout que Péan devait sa fortune aux charmes de sa femme, Angélique des Méloizes, qu’il avait épousée le 3 janvier 1746.

Le juge Baby dit de Madame Péan : « Jeune, belle, gracieuse, obligeante même, elle exerçait un

  1. Mémoires, p. 63.