Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/157

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Il semble que le sieur Deschenaux passa en France à l’automne de 1766 puisque le 3 février 1767 le président du Conseil de Marine, dans une lettre à M. de Fontanien, fait allusion à une déclaration de l’ancien secrétaire de Bigot. Celui-ci affirmait qu’une quantité de billets de caisse imprimés, laissés à Québec, n’avaient pas été brûlés. Ces billets en question, s’ils tombaient entre les mains d’habiles faussaires, pouvaient occasionner beaucoup d’ennuis au gouvernement du roi de France. C’est pourquoi le président du Conseil de Marine mettait un de ses collègues en garde.

Est-ce cette déclaration de M. Deschenaux qui lui valut sa réhabilitation ? En tout cas, il revint au Canada avec un « certificat de bonne conduite » qui dut faire sourire ceux qui connaissaient l’origine de sa fortune.

Joseph Brassard Deschenaux par goût ou par prudence pour ne pas éveiller les soupçons vécut modestement, très modestement même, aussi longtemps que la Nouvelle-France fut la propriété de la vieille France. Mais une fois les Anglais maîtres définitivement du Canada, n’ayant plus à craindre un règlement de comptes avec ses anciens maîtres, il leva le masque. Avec les deniers amassés au temps de la prospérité, il se mit à acheter des biens-fonds afin de garantir aux siens des revenus plus assurés que des prêts à courts termes.

Dès le départ de la colonie de son ami Péan, il avait acheté ses seigneuries de la Livaudière et