Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/161

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mai 1750, mais ne prit jamais son siège au Conseil. M. de Vaudreul, à son tour, demanda pour lui la place d’inspecteur des magasins du Roi. Cette proposition resta sans réponse. M. de Saint-Sauveur agit comme secrétaire du gouverneur de Vaudreuil jusqu’au départ de ce dernier pour la France.

M. de Saint-Sauveur resta dans la Nouvelle-France jusqu’en 1764. Tant de rapports avaient été portés à la connaissance du ministre contre M. de Saint-Sauveur qu’il fut mis en accusation devant le Châtelet de Paris ; en même temps que Bigot et les autres profiteurs. Comme il n’était pas en France, le jugement du 10 décembre 1763 décréta qu’il serait plus amplement informé contre lui.

En avril 1765, après cinq années de contumace, M. de Saint-Sauveur se constitua prisonnier à la Bastille. Le tribunal, après information, le mit hors de cour. Il n’en reste pas moins que, si on accepte comme vrais les témoignages de Cadet et d’autres profiteurs, M. de Saint-Sauveur fut un des boodlers les plus avides des dernières années du régime français. Ainsi Cadet affirma qu’il avait payé à M. de Saint-Sauveur 30,000 livres en billets de vivres ordonnés pour les Sauvages et signés par M. de Vaudreuil. M. de Saint-Sauveur se serait fait donner cette somme en déclarant qu’elle était destinée à M. de Vaudreuil, lui-même, ce qui était une atroce imposture. De plus, Cadet révéla qu’il donnait chaque année, une somme importante au secrétaire du gouverneur pour les bons services