Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/163

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(Saint-Sauveur) jouit de plus de douze cent mille livres ».

Plus loin, l’auteur du Mémoire revient sur le compte de M. de Saint-Sauveur ;

« On écrivit, dit-il, au ministre contre M. de la Jonquière, et on l’accusa de s’être emparé du commerce du pays d’En Haut et de faire tyranniser les négociants par son premier secrétaire. Ces plaintes avaient un air de vérité ; il s’était intéressé dans le commerce des postes ; il le pouvait, la cour ayant accordé ce droit aux gouverneurs. Les plaintes des négociants et de quelques officiers au sujet de son secrétaire étaient plus justes ; celui-ci s’était emparé du commerce exclusif de l’eau-de-vie pour les Sauvages. Il avait deux ou trois sergents des troupes à sa dévotion, qui allaient visiter les meilleures maisons de Montréal et y faisaient mille impertinences. L’argent des congés ne se délivrait plus qu’en vin ou en marchandises qu’on obligeait de prendre. La quantité d’eau-de-vie pour porter dans les postes était fixée et, pour en avoir davantage, il fallait obtenir cette permission du secrétaire qui ne la donnait jamais gratis. Les meilleurs postes étaient pour ceux qui entraient en société avec le secrétaire du général. »[1]

Si nous n’avions que le témoignage de l’auteur du Mémoire du Canada, nous serions portés à pardonner beaucoup à M. de Saint-Sauveur car cet au-

  1. Mémoire, 24.