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Une lettre du président du Conseil de Marine à M. de Villehélio en date du 27 mars 1764 nous laisse un peu songeur sur le cas de M. Lemoine Despins. Le président du Conseil de Marine informe son correspondant que « le sieur Goguet qui a en mains des effets appartenant aux nommés Lemoine Despins et Landriève, condamnés à des restitutions par le jugement du Châtelet doit en faire la déclaration au greffe de la Commission ». Le jugement du 10 décembre 1763 condamnait, il est vrai, M. Landriève mais quant à M. Lemoine Despins, contumace, il déclarait qu’il serait plus amplement informé sur son cas.

Disons ici que le jugement du 10 décembre 1763 ne condamna pas M. Lemoine Despins. Il déclarait simplement que dans son cas, il serait plus amplement informé. Le marchand montréalais était alors contumace. Deux années plus tard, Lemoine Despins traversa la mer, se munit d’un sauf-conduit en Angleterre et se rendit ensuite à Paris pour obtenir sa réhabilitation.

M. Lemoine Despins, par les témoignages rendus devant le Châtelet, avait été sérieusement compromis. Fonctionnaire du roi puisqu’il était l’assistant de Martel de Saint-Antoine, et en même temps fournisseur attitré des magasins de Sa Majesté, il avait fait des bénéfices considérables et en grande partie frauduleux. Le tribunal du Châtelet avait pris plus de quinze mois à établir sa preuve contre les accusés. En quelques semaines, M. Lemoine