Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/18

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fournisseurs du Roi pour les colonies. Le marché ne fut découvert qu’après la chute du Canada, mais comment expliquer que les Gradis, aussi coupables que Bigot dans les tripotages de la Nouvelle-France, ne furent pas mis en accusation devant le Châtelet, en 1763 ?

François Bigot arriva à Québec le 26 août 1748 et il se mit à l’œuvre immédiatement.

Il faut rendre au dernier intendant français du Canada ce qui lui appartient. Travailleur et organisateur, il connaissait les moindres détails de l’administration ; il agissait vite et savait donner satisfaction à ceux qui s’adressaient à lui. Aussi ses premières années dans la Colonie lui attirèrent des éloges du ministre de la Marine. Il est vrai que les dépenses augmentaient considérablement chaque année, mais il les justifiait par des rapports apparemment exacts et non discutables.

C’est que l’intendant agissait avec une habileté consommée. Il était l’âme dirigeante de toutes les sociétés ou associations formées pour accaparer le commerce du pays, mais son nom n’apparaissait nulle part. Il était représenté dans ces entreprises par des comparses qui y faisaient leur fortune tout en augmentant celle de leur chef. Détail étrange. Bigot tenait tous ses associés sous sa dépendance sans avoir avec eux de contrats écrits. Jusqu’à présent on a trouvé au Canada aucun acte notarié qui compromette Bigot. Il avait sans doute le moyen de tenir ses créatures en laisse en leur enlevant le