Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/19

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patronage au moment voulu si elles ne faisaient pas son affaire.

Les plaintes et les récriminations des négociants du pays, lésés ou ruinés par les monopoles et les sociétés créés par Bigot et ses satellites, d’abord ignorés par le ministre de la Marine, lui ouvrirent enfin les yeux et, à partir de 1753, les éloges se changèrent en blâmes et en reproches. Citons la lettre du ministre du 1er  juin 1754. Il disait à Bigot : « J’en ai (des observations) plus particulières à vous faire sur ce qui m’est revenu des abus auxquels on attribue principalement l’excès des dépenses qui se sont faites depuis quelques années en Canada. On prétend que tout y a été mis en parti. On cite le sieur Bréard pour tous les affrètements qui se font pour le compte du roi, le sieur Péan pour toutes les fournitures de farines et de légumes, le sieur Claverie pour toutes les autres fournitures du magasin de Québec, et le sieur Cadet pour celle de la boucherie. On assure que le même désordre règne à Montréal où le sieur Martel, garde-magasin, fait lui-même les fournitures de toutes espèces avec son commis. On ajoute qu’ils se sont emparés de tout le commerce du Détroit : et l’on va même jusqu’à impliquer M. Varin dans ces manœuvres. On répète ce qu’on avait dit il y a deux ans sur les abus par rapport à la sortie des farines et sur le commerce des postes. Ce ne sont pas là de ces rapports clandestins qui, presque toujours, doivent paraître suspects, et auxquels je suis moins