Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/21

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le seul homme capable de conduire la nouvelle expédition qu’on voulait faire… » [1]

Il est inconcevable que les ministres Rouillé et Berryer, tour à tour mis au fait des agissements de Bigot et de ses comparses, aient laissé commettre leurs vols et leurs exactions jusqu’à la fin du régime français. De toute évidence, les hauts fonctionnaires du département de la Marine étaient intéressés à jeter un voile sur les yeux du ministre. Coïncidence curieuse, dans sa lettre du 30 mai 1755, le chanoine Hazeur de l’Orme dit précisément qu’il rencontra Bigot dans les bureaux de M. de LaPorte, principal fonctionnaire du département de la Marine. Cette rencontre donne à réfléchir quand on sait que les deux frères LaPorte étaient intéressés dans le commerce de la Nouvelle-France par les importantes concessions qu’ils y avaient obtenues directement du roi. Ils furent d’ailleurs destitués ou mis à la retraite avant même la chute de Bigot.[1]

La bombance cessa avec la chute du pays. Les membres de la Caverne des Quarante Voleurs n’étaient cependant pas à plaindre. Bigot et ses principaux satellites s’embarquèrent pour la France avec des fortunes de quelques millions. Ils espéraient vivre là-bas en grands seigneurs, à l’abri des soupçons des autorités et des plaintes de leurs victimes. Ils se trompaient.

  1. a et b Bulletin des Recherches Historiques.