Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/20

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disposé que personne à faire quelque attention. C’est un bruit généralement répandu et on l’accompagne de circonstances qui ne sont que trop propres à faire impression. L’éclat en est même tel qu’il n’est pas possible qu’il ne vous en soit revenu quelque chose et assez pour vous engager à en venir à quelque vérification. Je compte donc que vous ne serez pas surpris que je vous en parle et que vous serez déjà mis en état de me donner sur tout cela les éclaircissements que je peux désirer, mais en tout cas vous devez sentir combien il importe à tous égards dans les conjonctures présentes de ne pas négliger de tels bruits et d’en vérifier les objets d’une manière qui ne puisse laisser ni doute ni équivoques ».[1]

C’est à la suite de cette lettre sévère du ministre que Bigot passa en France à l’automne de 1754 pour se disculper et regagner si possible, la faveur dont il avait joui jusque là. Le voyage de Bigot, pour plusieurs, marquait la fin de sa carrière : le ministre devait le destituer. Et, pourtant, l’intendant revint dans la colonie à l’été de 1755, plus puissant que jamais. Le chanoine Hazeur de l’Orme, délégué du chapitre de Québec en France, rencontra Bigot à Versailles, et il écrivait à son frère, le 30 mai 1755 : « Vous devez avoir présentement le brillant M. Bigot, tout rayonnant de gloire et de son triomphe à la cour où il a été regardé comme

  1. Bulletin des Recherches Historiques 1916, p. 179.