Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/300

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France, et ce fut toujours le S. de Villers qui arrangea ces comptes ; le nommé Pillet, à la Chine, son commis, régla aussi les siens, et il eut de transport pour cette année seulement près de 600,000 livres. Martel, pour les signer eut un présent considérable ; cet homme étoit un habitant, qui n’étoit pas même aisé peu d’années auparavant ; sa maison et la position de sa terre, situées convenablement pour l’embarquement et le débarquement des effets, firent sa fortune ; il sous-traita les vivres : lorsque les convois partoient pour Frontenac, il donnoit des pochetées de biscuit pourri ou gâté, que les hommes ne pouvoient manger ; à la fin du voyage on lui remettoit ces biscuit qui servoit pour une autre fois, et il gagnoit ainsi une quantité prodigieuse de rations ; il faisoit encore des profits considérables sur le paiement des voyages. Le Munitionnaire ayant le crédit de faire commander le monde pour monter les bateaux, il arrivoit quelquefois que les hommes qui étoient de loin n’avoient pas le temps à leur retour d’attendre la commodité de ce Pillet pour être payés — le temps leur étoit trop précieux pour leurs récoltes ou leurs labours. Pillet les faisoient attendre sous prétexte qu’il n’avoit point d’argent, et si longtemps qu’ils perdoient patience et s’en alloient ; alors la paye lui restoit toute entière. Ces actions, et quelques autres semblables, lui attirèrent des reproches ; le crédit du Munitionnaire le soutint, mais il fut en exécration à tous les