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mains des ministres. On en a une preuve écrasante quand on sait que deux des juges votèrent pour l’acquittement de Péan et que d’autres trouvèrent qu’il y avait peu de choses contre lui. En somme, Moreau proposait et les juges décidaient selon leur goût ou, peut-être, selon leurs intérêts.

Le Journal de Moreau voit le jour après avoir dormi dans la poussière de l’oubli pendant presque deux siècles. Ce précieux manuscrit fait partie des Archives du séminaire de Québec. Comment ce Journal, qui est un document plutôt privé, a-t-il traversé les mers ? C’est Mgr Amédée Gosselin, archiviste plus tard recteur de l’université Laval, qui nous en a signalé l’existence il y a plus de trente ans.

Mgr Gosselin ignorait comment cette pièce d’archives était venue en possession du séminaire de Québec. Il soupçonnait toutefois qu’elle avait été achetée par un prêtre du séminaire de Québec, de passage à Paris. La librairie Dufossé, de Paris, achetait des particuliers les vieux manuscrits relatifs à l’Amérique du Nord et les revendait aux bibliothèques américaines et canadiennes. C’est ce qui faisait supposer à Mgr Gosselin que le Journal de Moreau pouvait venir du fonds Dufossé.

Quoiqu’il en soit de la provenance du Journal, on ne peut en nier l’authenticité. Il est entièrement écrit de la main de Moreau. Mgr Gosselin, archiviste très scrupuleux, envoya à Paris des photographies de trois ou quatre pages du Journal et les experts consultée déclarèrent que c’était bien l’écriture de Moreau.

Quelques-uns se demanderont peut-être pour quelle raison Moreau prit la peine de tenir un journal si détaillé