Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/52

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« François-Victor[1] Varin était Français, d’une très basse naissance ; les uns le font fils d’un cordonnier, d’autres d’un maître d’école ; pour lui, il se donnait pour être parent de ce Varin qui s’est rendu si célèbre par la finesse et la beauté de sa gravure ; il était vain, menteur, arrogant, et le plus capricieux et entêté des hommes ; on ignore comment il a pu s’élever ; il était d’une très petite stature ; il n’avait rien d’imposant dans sa physionomie ; au reste, d’une vie licencieuse et libertine, qui lui a souvent attiré des mauvaises affaires ; mais il avait beaucoup d’esprit, quoique peu orné ; il entendait parfaitement la finance, et était laborieux ; il chercha, comme les autres, les moyens de s’enrichir, et ne donna point ce qu’il pouvait conserver pour lui ; la majeure partie des postes de la Colonie se trouvant au-delà de Montréal, ou dans ce gouvernement, les fournitures se trouvaient à sa disposition ; mais comme il ne pouvait les faire sans compromettre son emploi, il s’associa avec Martel, garde-magasin, et celui-ci fit entrer dans la société les personnes qui étaient au fait de ces sortes de choses, ou qui en ayant fait jusqu’alors le commerce, étaient moins suspectes.

« Ces deux personnes (Varin et Martel) mirent en combustion tout le commerce de Montréal ;

  1. Varin avait les prénoms Jean-Victor et non François-Victor. Son père n’était pas cordonnier ni maître d’école. Jean Varin, sieur de la Sablonière, père de Jean-Victor Varin, était capitaine d’infanterie de Jacques II, d’Angleterre, et gendarme de la garde du Roi. Ce qui indique qu’il appartenait à la noblesse.