Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/88

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ducs. Ces rencontres lui donnèrent l’ambition de porter, lui aussi, un beau titre. Il tenta de se faire anoblir. Possesseur de plusieurs biens seigneuriaux, de trois ou quatre châteaux, il voulait laisser aux siens un nom un peu plus ronflant que le nom roturier de Cadet. Les ministres de Louis XV refusèrent de se rendre à la demande ambitieuse de l’ancien boucher canadien. En France, le ridicule tue et ils en avaient déjà assez fait en faveur de Cadet qui, condamné à 6,000,000 de livres de restitution, n’avait rien payé ou à peu près et, bien plus, était devenu l’équivalent d’un conseiller du roi pour les affaires du Canada. En pays démocratique, semblable indulgence envers un condamné aurait tué un gouvernement même très fort.

Six millions de livres même pour un millionnaire — et Cadet l’était plusieurs fois — ne se trouvent pas du jour au lendemain. Mais l’ancien munitionnaire ne se laissa pas abattre par cette lourde condamnation. Pendant ses deux années et quelques mois de réclusion à la Bastille, il avait obtenu la permission de recevoir son défenseur, qui était un des meilleurs avocats de Paris, son ancien commis, pour préparer sa défense devant le Châtelet. Cadet savait d’avance qu’il serait condamné à restituer, les preuves contre lui étaient si nombreuses et si compromettantes. À la guerre, le meilleur moyen de se défendre est souvent d’attaquer. Dans un procès, cette tactique est souvent heureuse. Les règlements de comptes entre le gouvernement du