Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Roi et le munitionnaire n’avaient été réglés qu’en partie. Cadet avait conservé toutes ses factures, ses pièces de comptabilités, etc., etc. Avec son avocat et son commis, il trouva le moyen de remettre au Châtelet, après sa condamnation, une réclamation de plusieurs millions de livres, on a même évalué cette somme à 12,000,000 ou 13,000,000 de livres. Les comptes soumis par Cadet furent trouvés si corrects qu’il fut exempté de restituer la plus forte partie de sa condamnation sinon la totalité. Le gouvernement du Roi alla encore plus. Cadet avait été banni de Paris pour neuf années. À sa sortie de la Bastille, il obtint le privilège de rentrer dans la capitale. Mieux encore, on retint ses services pour voir clair un peu dans les comptes de l’ancienne colonie du Canada. Il devint presque le protégé du gouvernement du Roi qui lui permit de passer dans la Nouvelle-France pour disposer de ses propriétés et se faire payer par les débiteurs qu’il y avait laissés. N’y a-t-il pas dans la condamnation de Cadet et ce qui s’en suivit le sujet d’un opéra comique à succès ?

Le passage de Cadet au Canada fut un sujet d’inquiétude pour les autorités anglaises de la colonie. La domination britannique sur le pays était encore loin d’être établie solidement. On craignait que Cadet fût envoyé ici par le gouvernement du roi de France pour préparer les esprits à une nouvelle guerre de conquête.[1]

  1. Revue Canadienne, 1906.