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achats dans la région de Montréal. Maurin était glorieux, vantard et ambitieux. Il s’insinua si bien dans l’esprit et les affaires de Cadet que celui-ci lui donna le titre d’assistant ou d’aide-munitionnaire général.

Le sieur de C. dit de Maurin :

« Maurin étoit l’homme le plus difforme de la Colonie : il étoit bossu, et n’avoit rien que de sinistre dans la physionomie et le maintien ; mais il avoit beaucoup d’esprit et quelque peu orné ; il avoit été commis de quelques marchands, où il fit voir de la capacité ; il étoit ambitieux, et souvent généreux par vanité ; il poussa le luxe jusqu’où il pouvoit aller en Canada ; et, à l’égard du désir d’amasser du bien, Cadet ne pouvoit choisir deux personnes qui se concilieroient mieux et qui emploieroient plus de moyens de vexation et de détours qu’eux ; aussi on ne vit voler et en donner l’exemple plus impunément, et jouir, ou plutôt triompher de la misère publique, avec plus de faste et d’arrogance qu’ils le firent. »

Montcalm détestait souverainement Maurin et à plusieurs reprises, dans ses lettres à ses amis, il en parle presque avec dégoût.

Malgré sa laideur et ses difformités. Maurin prit femme à Montréal, le 21 décembre 1758. Il épousa Marie-Anne Daigneau, une fille qui travaillait pour lui.

Repassé en France après la Conquête, Maurin fut arrêté en 1761, jeté à la Bastille et subit son procès au Châtelet.