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trésor, payables en France. Le castor et l’anguille étaient d’ordinaire la monnaie courante du pays. Cette pénurie de numéraire se continua tout le temps de la domination française. À la conquête les colons eurent mille difficultés à faire changer la monnaie de carte qui avait été émise[1].

Dans les intervalles de repos que lui laissait son métier, Couture habitait ordinairement à la Pointe de Lévy[2]. Il avait là comme un pied à terre où il pouvait prendre haleine et se délasser de ses fatigues.

  1. La pêche à l’anguille était alors très heureuse. Dans les mois de septembre et octobre un seul en prendra pour sa part 40, 50, 60 et 70 mille (Relation de 1660). La Potherie raconte que la pêche d’anguilles que l’on faisait à Lothinière était si considérable qu’il n’y avait pas d’endroit dans le pays où elle fut plus abondante. « Elles descendent, dit-il, du lac Ontario, autrement Frontenac, qui est à plus de cent lieues. Il y a aux environs de ce lac des marais pleins de vase de douze à quinze pieds de profondeur : les grandes eaux les en font sortir, et elles descendent vers les îles Toneata, qui en sont aussi toutes bordées ; elles se tiennent ensemble et font des amas gros comme des muids : les courants du lac les entraînent insensiblement dans des rapides, et lorsqu’elles sont dans le fleuve elles se répandent de toutes parts, mais elles donnent particulièrement au Platon, Saincte-Croix et Lotbinière. Un habitant en prend quelquefois trois milliers à une marée ; elles sont beaucoup plus grosses qu’en France. C’est une manne dans la Nouvelle-France, et lorsque l’on sait bien les aprêter elles sont délicieuses. On en envoye aux îles de l’Amérique. » (tom. III, p. 283. Hist. de l’Am. Mérid.)
  2. Au greffe de Guillaume Audouard, le 16 septembre 1653, comparaît : « honorable homme Guillaume Couture, habitant, demeurant ordinairement à la Pointe de Lévy… »