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entouré et pris avec Abatsistari et les plus courageux des Hurons.

Le père Jogues, qui aurait pu se sauver en se cachant dans les halliers et dans les roseaux, ne veut point abandonner les Français et les néophytes, et il vient grossir le nombre des captifs.

« Pour moi, écrit-il, témoin de tout, je ne voulais ni ne pouvais fuir. Comment fuir en effet nu-pieds[1] ? Comment me résoudre à abandonner ce bon Français, les autres Hurons captifs, et ceux qui allaient le devenir, et dont plusieurs n’étaient pas baptisés ? Cependant, comme les ennemis, pour poursuivre les fuyards, m’avaient laissé sur le théâtre du combat, j’appelai un de ceux qui veillaient à la garde des prisonniers, et le priai de m’adjoindre au Français déjà pris, lui faisant comprendre qu’étant son compagnon de voyage, je voulais partager ses périls et sa mort. Cet homme, comme saisi de frayeur, et pouvant à peine ajouter foi à mes paroles, s’approcha de moi, et me réunit aux autres captifs. »

Guillaume Couture, qui rencontre pour la

  1. C’était un usage chez les sauvages de quitter les chaussures en entrant dans les canots, afin de n’y introduire aucune saleté.