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première fois l’Iroquois, fait bravement le coup de feu, puis, voyant que les Hurons lâchent pied, il se sauve comme eux dans les bois. Jeune, plein d’ardeur et d’agilité, il est bientôt hors des prises de l’ennemi, lorsqu’il s’aperçoit que le père Jogues ne l’a point suivi. Il est pris de remords parce qu’il a abandonné le missionnaire et son camarade. « Comment ai-je pu, se dit-il à lui-même abandonner mon père chéri, et le laisser exposé à la rage des sauvages ? Comment ai-je pu fuir sans lui ? Quoi ! l’abandonner ? Jamais. » Il ne veut point passer pour lâche et comme il s’en va retourner sur ses pas, il se trouve en face de cinq grands Iroquois. L’un d’eux le couche en joue, mais l’arquebuse fait fausse amorce, et Couture, qui considère que l’on ne doit jamais manquer son ennemi, le jette raide mort sur place. Il se trouve que celui qu’il vient d’expédier si prestement est un chef distingué. Les quatre Iroquois qui restent, furieux, se jettent sur lui, le dépouillent de ses vêtements, le rouent de coups de bâtons, lui arrachent les ongles, lui broient les doigts avec leurs dents, et lui passent une épée à travers la main droite. Après l’avoir lié et garrotté ils l’amènent à ses compagnons[1].

  1. Plût à Dieu, écrivait plus tard le père Jogues, qu’il eût échap-