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le considérait comme le plus criminel. Après lui venaient les Hurons, à égale distance les uns des autres, et au milieu d’eux était René Goupil. Le père Jogues fermait la marche. Les Iroquois s’étaient répandus dans les rangs pour retarder la marche et mettre plus de distance entre les prisonniers.

Les uns, armés de morceaux de fer qu’ils faisaient jouer au bout d’une corde, les autres, brandissant de lourds gourdins, frappaient à coups redoublés. Ce chemin conduisait à un échafaud élevé au milieu du village où les victimes furent exposées pendant le jour à la curiosité publique[1].

La nuit on les réunissait dans une cabane où les enfants s’amusaient à jeter sur eux des cendres rouges et des charbons ardents[2]. Pour rendre leurs fils capables des plus grandes choses, les sauvages leur faisaient faire l’apprentissage de la cruauté.

Les Iroquois n’avaient encore jamais vu sur leurs théâtres des prisonniers français, ni des chrétiens ; aussi, contre l’usage, et pour conten-

  1. M. Joseph Marmette a admirablement tiré parti de cette scène de bastonnade dans le chevalier de Mornac.
  2. Relations de 1647 — passim. Lettre du père Jogues.