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ter la curiosité de tout le monde, on les conduisit dans tous les villages.

Il fallait avoir des bourreaux plus frais.

Pendant ses tourments le père Jogues trouvait encore moyen de baptiser les catéchumènes hurons avec quelques gouttes d’eau, restées à la suite de la pluie sur les feuilles des épis de blé d’Inde qu’on lui avait servis pour nourriture,

Guillaume Couture, quoiqu’il eût les mains toutes meurtries, n’avait encore perdu aucun de ses doigts. Un sauvage se chargea de réparer cet oubli, et lui enleva la moitié de l’index droit. La douleur fut d’autant plus grande que le sauvage se servit, non d’un couteau, mais d’un morceau de coquillage ; et comme il ne pouvait couper le nerf trop dur et trop glissant, il le lui arracha en tirant avec une telle violence, que le bras enfla prodigieusement jusqu’au coude. La douleur en rejaillit jusqu’au fond de son cœur, dit le père Jogues.

Un sauvage eut pitié de lui, et le garda dans sa maison. Couture put ainsi échapper aux tourments qu’eurent à subir encore ses malheureux compagnons.