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les eaux du printemps l’entraînèrent dans la rivière Hudson.

Dans l’hiver le père Jogues fut donné comme valet à des chasseurs. Vêtu d’un mauvais capot rouge, il lui fallait couper et apporter le bois pour entretenir le feu de la cabane. Il put cependant visiter les autres bourgades et donner des consolations aux captifs.

Il s’appliqua à l’étude de la langue. Comme les assemblées de tout le pays se tenaient dans sa cabane, il commença d’instruire les anciens sur les mystères de la foi. Ceux-ci lui adressaient mille questions sur le soleil, sur la lune, sur la figure qu’on aperçoit dans son disque, sur l’étendue de la terre, la grandeur de l’océan, le flux et le reflux de ses eaux. Ils lui demandaient si, comme ils l’avaient entendu dire, le ciel touchait quelque part à la terre.

Le Père leur répondait suivant les préceptes de la science, en se proportionnant à leur intelligence. Et les sauvages saisis d’admiration disaient entre eux : « Nous aurions fait une grande sottise de le tuer, comme nous avons été souvent sur le point de le faire. »