Aller au contenu

Page:Roy - L'épluchette, contes joyeux des champs, 1916.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
L’épluchette


Arriéré

Gros-Jean ne connut pas l’école ;
Dans son coin du pays
On n’en avait pas encor mis.
La famille était agricole,
Défrichant tout à fait au nord
Dans une région lointaine.
Gros-Jean, bien que très jeune encor,
Aidait, la chose est certaine.
Un peu plus tard, il s’engagea
Et dans les chantiers voyagea.
Dans sa main rude et nerveuse
Sa hache, profondément,
Mordait la souche résineuse
Des pins abattus lentement.
Sa charpente à cette vie
Suscitait un soupir d’envie ;
Mais son côté moral, grands dieux !
Bien sûr, n’eut pas fait d’envieux.
Un jour que vers sa famille
Il revenait au printemps,
Il passa par notre ville.
C’était alors le saint temps
De pénitence : le carême.
On était à la Passion.
Le soir, il ouït le sermon
Sur le martyre suprême
Du Rédempteur si bon, si doux,