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Page:Roy - L'épluchette, contes joyeux des champs, 1916.djvu/64

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L’épluchette


Jour maigre

En ce temps-là, Gros-Jean était en ville
Pour vendre au marché Bonsecours,
Des choses que l’on vend toujours
Aux citadins qui viennent à la file
Aux voitures des habitants.
Ses produits frais et tentants
Furent écoulés bien vite ;
Puis, par la ville, de suite,
Gros-Jean partit magasiner.
Quand sonna l’heure du dîner
Notre homme passait à la porte
D’un café dont le menu porte
Une liste de divers plats
Dont la plupart sont en gras.
Or, de Gros-Jean voici le cas :
C’était jour maigre et d’abstinence
Où le gourmand fait pénitence,
Mais cela s’adonnait
Que la tentation venait
Creuser la faim qui talonnait
Gros-Jean. La chair est molle
Et la campagnard mollit.
Qui connaîtra ce délit ?
Il n’en dira jamais parole !