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Page:Roy - L'épluchette, contes joyeux des champs, 1916.djvu/86

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L’épluchette


Les aventures de St-Laurent à Montréal
(Cousin de Gros Jean)

Un brave campagnard ayant nom SAINT-LAURENT !
Vivait couci-couça dans l’avant-dernier rang
D’une paroisse près d’une très grande ville.
Il vivait là, content, gaîment, l’âme tranquille.
Or, un jour il apprit, je ne sais trop comment,
Qu’à Montréal, partout, on trouvait de l’argent ;
Que l’on en ramassait parfois dans la journée
Pour rendre une personne assez bien fortunée.
On avait ajouté qu’à Montréal, les gens
Étaient capables, bon ! vous savez, sans bon sens.
L’imagination vivement excitée,
Notre brave homme alors, ne connut qu’une idée :
Visiter la cité du défunt Chomedy !
Et voici de ce chef le récit qu’il m’a dit.

— J’arrive à Montréal ; aussitôt j’me promène ;
Je regarde partout, on le comprend sans peine.
C’est qu’il y avait tant d’belles choses à voir !
J’aurais pu regarder du matin jusqu’au soir
Et m’en aller ainsi pendant toute une semaine,
Sans satisfaire à ma curiosité vaine.
J’avais bien comme ça, sans m’en apercevoir,
Passé la demi-heure, alors que su’ l’trottoir,