Aller au contenu

Page:Roy - L'épluchette, contes joyeux des champs, 1916.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
L’épluchette


Imberbe

Michel rencontra sur la route
Hier, le père Ladéroute.
Cela faisait bien deux longs mois
Depuis qu’ils s’étaient vus, je crois.
Notre Michel qui d’ordinaire
Était dénué d’embonpoint,
Par son visage mis au point,
Joufflu, d’une rondeur lunaire,
Fut cause que son vieil ami
S’extasia fort sur sa mine :
— Ça fait ben un mois et demi
Que je t’ai vu, je m’imagine ?
Maint’nant t’as l’air résolu,
Plein d’santé, robuste, joufflu !
Tu devrais m’donner ta recette,
Je la mettrais à profit, moi,
Et ça m’ferait pas d’mal, ma foi !
Qu’a ton régime, j’me mette !…
— Eh ben, père, c’est un secret,
Mais à vous j’peux ben l’dire,
Parce que vous êtes discret
Et que d’moi vous n’irez pas rire.
Ben, vous saurez donc que j’avais
À mon dernier voyage en ville