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LE SECRET DE L’AMULETTE

que le vieux cuivré nous ait trompés, comme on l’aurait trompé lui-même…

— Qu’en sais-tu ? demanda Joseph.

— Eh ! bien, penses-y donc ! un magot de quatre-vingts livres en or… cela s’est-il vu ?… s’est-il trouvé ?…

— Pourquoi pas ?… Enfin, nous examinerons ces papiers à notre aise.

Ils se séparèrent.

Joseph se coucha, l’amulette serrée nerveusement dans l’une de ses mains, comme dans un étau.

Il ne tarda pas à s’endormir : Mais quel sommeil ? plus fatigant pour son corps que s’il fût demeuré dans son lit, les yeux ouverts jusqu’au grand jour.

Il rêva.

Il se voyait riche tout-à-coup. De l’or, il en trouvait dans une cachette dans la maison paternelle, où il n’aurait jamais eu l’idée d’en chercher. Mais qu’importe ! Il avait de l’or à satiété, il était immensément riche !… Puis la scène changeait un peu, il voyait son ami Pierre jaloux de son bonheur et voulant en jouir. Il se prenait de querelle avec lui ; Pierre, enfin, lui enfonçait dans le côté droit un grand couteau, et Joseph s’éveilla en poussant un grand cri.

Pierre était là, le secouant vigoureusement pour le réveiller.

— Allons, disait-il, il est tard : levez-vous, monsieur le paresseux, il y a longtemps qu’une autre journée est commencée.

Et Joseph, bien content d’avoir été tiré, quoique rudement, d’un rêve affreux, se leva prestement et fit sa toilette.


IV

LE SECRET DE L’AMULETTE


Naturellement, la première pensée des deux gentilshommes fut pour le cadeau du Bison, dans lequel était renfermé ce secret, devant les rendre possesseurs de grandes richesses.

L’amulette représentait un aigle, les ailes ouvertes, et n’était pas sans mérite au point de vue artistique. Le rude enfant des bois, qui l’avait façonnée, avait dû y consacrer beaucoup de temps et de patience, en sus d’un certain talent, pour couper ou sculpter d’un morceau de corne, l’objet qui, selon la croyance de son auteur, devait servir de préservatif contre beaucoup de choses plus ou moins redoutables.

Le talisman avait été teint en noir, d’un noir permanent, aussi égal, aussi pur en 1749 qu’à l’époque de sa fabrication.

À l’endroit où se trouvaient les yeux, la tête de l’aigle était percée de part en part, et par ce trou on pouvait introduire un cordon pour la suspendre au cou.

Joseph retourna l’amulette en tous sens, mais il ne put découvrir quel en était le secret.