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sa tête et s’était écrasée sur le roc, à côté de lui.

Le soleil inclinait alors au couchant.

— Les abords de notre grotte seront bien surveillés cette nuit, remarqua Pierre ; une sortie par là serait dangereuse, mais, à l’autre grotte, le même péril n’est pas à redouter. L’Écureuil viendra avec moi pendant que son frère veillera.

Les trois hommes avaient roulé des grosses roches à l’entrée de la première caverne, la fermant ainsi presque hermétiquement. Il n’y avait pas à craindre que l’inconnu du dehors put les renverser et s’introduire à l’intérieur de leur retraite.

Et Pierre sans plus tarder se rendit à la chambre du trésor.

Là, il expliqua au jeune Yhatchéilini ce qu’il attendait de lui.

Armés chacun d’une hachette et d’un levier de bois ils agrandirent l’ouverture qu’avait remarquée Pierre.

Une demi-heure suffit à ce travail, et les deux hommes se glissèrent dehors. Ils se trouvaient au fond de la « coulée ».

Au firmament pas une étoile ne brillait ; mais la neige permettait, grâce à sa blancheur éclatante, de relever ça et là, à leur silhouette sombre, les arbres autour d’eux.

Ils se mirent à l’œuvre et abattirent plusieurs jeunes pins. Cela fait, ils retournèrent auprès du Renard lequel rapporta que rien d’insolite n’était survenu durant leur absence.

Tandis que l’un d’eux montait la garde, les autres reposaient. Et ce, à tour de rôle jusqu’au matin.

Le déjeuner fut frugal ; comme on ne pouvait prévoir la durée de leur séjour en ce lieu, il devenait impérieux de ménager les vivres apportées du fort.

Après le repas, Pierre retourna à la seconde caverne qu’il avait baptisée, en riant : « La chambre du trésor ». Cette fois le Renard le suivait, l’Écureuil restait en faction.

Le soir, les deux hommes rentraient dans la première grotte, très fatigués, ayant travaillé durement tout le jour.

— Demain j’aurai fini, dit Pierre à ses compagnons ; et si le sort nous est favorable, nous montrerons les talons aux gaillards qui en veulent à notre peau.

Les meilleurs calculs sont parfois déjoués.

M. de Noyelles croyait finir son ouvrage au milieu du jour, comme il l’exprimait la veille, mais ce ne fut que très tard l’après-midi qu’il considéra enfin comme terminé ce qui l’avait tant occupé.

Au souper, lorsque les trois hommes étaient réunis, un coup de feu tiré entre les roches qui bouchaient l’entrée de la caverne, les fit sursauter. Ils étaient heureusement hors d’atteinte, mais ils eurent encore là un signe manifeste des intentions que nourrissaient à leur égard ceux qui les assiégeaient.

Le lendemain, les effets apportés sur les traîneaux furent portés à la chambre du trésor.

Quoique M. de Noyelles fut prêt à partir, il ne jugea pas le moment favorable et crut devoir attendre encore.

— Mais il faudra partir demain, se disait-il, en reprenant le chemin de la grotte dont l’entrée regardait les Jumelles. Nos provisions de bouche sont épuisées ; à peine avons-nous de quoi nous mettre sous la dent pour deux repas. Et puis, nos amis de La Jonquière vont s’inquiéter de notre longue absence !… Oui… il faudrait partir demain !…

Les deux Yhatchéilinis et leur maître prenaient leur repas dans le couloir qui dominait la grotte, ne voulant plus s’exposer au danger du soir précédent.

Tout-à-coup, le Renard renifla fortement et, s’approchant de Pierre :

— Chef blanc, le Renard vient de constater une nouvelle tentative du dehors pour nous faire périr. Ils veulent nous enfumer : ne sens-tu pas la fumée qui s’infiltre à travers les roches amoncelées à la porte de notre cachette ?

C’était vrai, et, devant la fumée qui se faisait plus épaisse et plus âcre, nos trois amis durent fuir. Mais le boyau qui reliait les deux grottes était plutôt comme la cheminée d’une fournaise, et la fumée s’y engouffrait, forçant toujours à reculer les trois êtres qui l’habitaient. Elle les suivit jusqu’à la grotte contenant la pépite, mais là, elle monta en capricieuses spirales et s’échappa par quelques fissures de la voûte.

— Nous allons déjeuner dans ce lieu pour la dernière fois, dit Pierre, le matin ; car nous partirons d’ici dans une demi-heure.

Il revenait de la « coulée » et son visage rayonnait de joie.

Le lecteur a probablement deviné quels étaient les ennemis des trois hommes enfermés dans le souterrain de La Pipe ?

Nous avons dit que les Assinibouëls en traversant la rivière en face du fort avaient