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En effet, à ces vieilles demeures dont nous prenons la défense « s’accroche un lambeau de notre histoire… Elles ont cheminé pour ainsi dire en même temps que nos pères à travers les siècles, abritant des générations, amalgamant sans cesse hier et demain et présentant à chaque instant ce caractère de continuité qui les rend sensibles à notre entendement. Elles ont beau dater d’une époque lointaine, cet anachronisme ne gêne pas notre esprit, parce que s’étant associées à tous les événements de notre histoire, elles arrivent jusqu’à nos jours, en les reliant les uns aux autres, pour démontrer l’imprégnation constante du passé sur le présent. Elles nous aident aussi à nous reconnaître d’une façon tangible dans la marche de la tradition, qui n’est autre que la fécondation ininterrompue des minutes à venir par celles qui viennent de s’éteindre[1] ».

Les vieilles demeures sont les gardiennes du passé. Entre elles et les personnes qui les habitent s’établit comme une communion d’idées, de sentiments qui se perpétuent d’une génération à l’autre et forment la base des traditions familiales :


Bienheureux qui possède encore l’humble maison
Construite par l’aïeul, en bonne pierre grise,
Dans les arbres, au bord de l’eau, près de l’église
Qui contente à la fois son cœur et sa raison.

Heureux qui de son seuil voit passer la saison,
Qui s’assied où sa mère autrefois s’est assise,
Qui dort dans le vieux lit de son père, à sa guise,
Qui garde la coutume et l’ancienne façon.

Sous le toit paternel le souvenir habite,
L’âme des parents morts dans les chambres palpite,
Des générations y viennent s’émouvoir ;

Le cortège infini des ancêtres défile
En silence de pièce en pièce chaque soir.
Il n’est point de passé dans les maisons de ville[2].


La Commission des Monuments Historiques offre ses remerciements à MM. Horatio Walker, Henry Carter et Charles Maillard qui ont bien voulu lui permettre de reproduire dans ce volume leurs délicieux tableaux de vieilles maisons canadiennes. Sa gratitude va aussi à MM. Carless, professeur d’architecture à l’université McGill, et Marius Barbeau, de la section d’anthropologie du Musée national du Canada, pour leurs précieuses indications.

  1. Raymond de Passilé, le Gaulois, 6 mars 1926
  2. Albert Lozeau.