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séminaire de Montréal, l’Hôtel-Dieu de Québec, l’Hôpital général de Québec, le monastère des Ursulines de Québec, celui des Trois-Rivières, quelques vieilles maisons du dix-huitième siècle que l’on rencontre à Québec, à Montréal et dans quelques anciennes paroisses.

Ces vieilles constructions ont leur caractère propre ; elles sont spacieuses et d’une solidité à toute épreuve. Elles n’ont pas le charme de l’ancienne maison de l’habitant dont les beaux types existent encore dans les vieilles paroisses, et que nous rangeons dans la seconde catégorie. Nos ancêtres avaient apporté de la Normandie le modèle de ces vieilles maisons. Leur toit pointu, descendant à pic sur l’unique étage, leurs fausses cheminées en bois, leurs lucarnes en accent circonflexe, leurs fenêtres fermées par des contrevents, leur donnaient une apparence pittoresque et d’une belle originalité.

Lucien Romier a écrit quelque part dans son beau livre Explication de notre temps : « La demeure primitive atteste le lien qui unit l’homme à ces nourrices naturelles, l’eau, la terre et la forêt. Elle ne se dresse pas contre la nature, elle s’y adapte et tranche à peine sur ce que nous appelons le paysage. Elle appartient autant au sol qu’à l’homme. » On ne pourrait mieux peindre le caractère de nos vieilles maisons de campagne. Elles étaient faites pour notre climat et nos mœurs ; elles protégeaient contre les grands froids de l’hiver les êtres qu’elles abritaient, et, durant la saison des chaleurs, grâce à l’épaisseur de leurs murs, elles gardaient une fraîcheur reposante. Leurs divisions intérieures, avec la grande pièce du centre qui servait à la fois de cuisine et de salle, étaient bien faites pour donner asile à la famille toujours nombreuse.

un intérieur canadien
D’après la peinture de Horatio Walker

Les exigences de la vie moderne ont tout bouleversé. Les maisons d’aujourd’hui ont de l’élégance, du clinquant ; elles sont attrayantes. Mais ont-elles le confort des maisons d’autrefois ? S’adaptent-elles à notre climat, à nos paysages canadiens ? Sont-elles réellement dans nos traditions ? En un mot, sommes-nous chez nous dans nos maisons modernes comme nos ancêtres étaient chez eux dans leurs vieux logis aux divisions si simples et si familiales ?

Nous n’osons demander que l’on revienne aux anciens modèles. On nous permettra, du moins, de faire appel à toutes les bonnes volontés pour garder ce qui nous reste de l’héritage de nos ancêtres.