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Page:Roy - Vieux manoirs, vieilles maisons, 1927.djvu/228

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LE MANOIR DÉNÉCHAUD À BERTHIER-EN-BAS



C E qu’on appelait seigneurie de Bellechasse dans les premiers temps du régime français, c’est l’étendue de terre plus tard connue sous le nom de Berthier-en-bas. Bellechasse fut une des premières seigneuries concédées dans la Nouvelle-France. C’est le 28 mars 1637 que les messieurs de la Compagnie de la Nouvelle-France concédèrent cette seigneurie au célèbre truchement ou interprète, Nicolas Marsolet.

Marsolet n’habita jamais sa seigneurie. Il n’y fit, non plus, aucune concession. Le 29 octobre 1672, l’intendant Talon accordait au sieur Berthier, capitaine au régiment de Carignan, la quantité de deux lieues de terre de front sur pareille profondeur, à prendre sur le fleuve St-Laurent, depuis l’anse de Bellechasse incluse, tirant vers la rivière du Sud. Comme la concession accordée à M. Berthier empiétait sur la seigneurie donnée à Marsolet le 28 mars 1637, celui-ci, le 15 novembre 1672, signa un acte de démission en faveur de M. Berthier.

M. Berthier décéda dans sa seigneurie de Berthier en décembre 1708. Comme sa femme et son fils unique étaient morts avant lui, il légua sa seigneurie à sa bru Françoise Viennay Pachot. Celle-ci se remaria, le 4 avril 1712, à Nicolas-Blaise des Bergères de Rigauville, enseigne dans les troupes.

La seigneurie de Berthier resta la propriété de la famille des Bergères de Rigauville un peu moins de trois quarts de siècle. Par son testament, fait le 24 juin 1780, l’abbé des Bergères de Rigauville, dernier survivant de cette famille, donna sa seigneurie à l’Hôpital général de Québec. Ce don et bien d’autres services rendus à cette maison l’ont fait appeler « le second fondateur de l’Hôpital général. »

L’Hôpital général de Québec, le 8 juillet 1813, cédait, quittait, transportait et délaissait à titre de rente emphytéotique pour vingt-neuf années, qui devaient finir en 1842, à Claude Dénéchaud, député de la haute ville de Québec, et juge de paix de Sa Majesté, le fief et seigneurie de Berthier. M. Dénéchaud s’engageait, entre autres choses, à reconstruire le moulin banal, à fournir aux Dames de l’Hôpital général, chaque année, quatre cent cinquante minots de bon blé loyal et marchand et à payer une rente annuelle de soixante-deux livres dix chelins, cours actuel de la Province.