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Page:Royer - Introduction à la philosophie des femmes, 1859.pdf/12

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composé de deux ou trois cents racines latines ou grecques, pour nous mettre à même de prendre part à toutes les conversations et d’aborder toutes les lectures. Moi-même, durant un temps, j’ai été fort effrayée de la science, je lui ai trouvé cet air maussade et ennuyeux dont je vous ai déjà parlé ; et sous cette impression je me persuadais facilement qu’elle m’était inutile. Il a suffi de quelques pages convenablement écrites, de quelques heureuses explications de personnes sagement instruites, qui vinrent comme des éclairs illuminer cette nuit de mon esprit, pour que je m’aperçusse que les savants, en effet, ont entouré le champ de la science d’une haie d’épines, mais qu’au delà il est plein de fleurs. Dès lors, j’ai résolu de faire une trouée dans cette clôture ou de sauter par dessus, s’il le fallait. Je suis entrée dans le champ, j’ai ramassé un bouquet de fleurs. C’est ce bouquet que je viens vous offrir.

La plus grande, l’unique difficulté de la science pour les femmes vient de la langue, de cette langue des académies cousue de grec et ouatée de latin. Aussi beaucoup ont eu peur à ces mots de métaphysique et autres semblables qu’elles ont vus sur mon programme. Ce n’est pas ma faute, si l’on a donné des noms empruntés d’une langue morte à des choses toujours vivantes qui sont vraies dans tous les temps et dans tous les lieux. Nos aïeux apparemment, dans les forêts de la Germanie et des Gaules, ne parlaient point de ces choses là ; il a fallu en emprunter les signes aux Grecs, nos précur-