seurs et nos maîtres en philosophie. C’est un bien, du reste, parce que ces noms, adoptés par les écrivains de tous les pays, ont été importés dans toutes les contrées de l’Europe, de sorte que la langue savante d’un peuple est toujours beaucoup plus aisée à acquérir pour les étrangers que sa langue littéraire. Il en résulte des communications plus aisées, plus rapides entre les représentants de l’idée chez les diverses nations civilisées. Apprendre enfin la langue philosophique, c’est apprendre des milliers de mots que l’on retrouve presque identiques dans tous les vocabulaires européens.
Mais tous ces mots scientifiques, si simples quand on les définit et qui tous ont le mérite au moins d’être explicables par leur étymologie, par conséquent de s’adresser à l’esprit autant qu’à l’oreille, de pouvoir être compris et retrouvés par l’intelligence et non pas seulement retenus par la mémoire ; ces mots, dis-je, cependant, sont pour la plupart des femmes comme ces épouvantails qu’on place dans les vergers pour effrayer les oiseaux. Ils ne font peur qu’à ceux qui ne les connaissent pas. Pour vous, mesdames, que craindriez-vous de ces fantômes ? Approchez, touchez… cela ne mord pas.
Il est fort à souhaiter que les femmes s’adonnent à la science, qu’elles s’y adonnent par plaisir, par goût, avec amour, avec philosophie enfin. La différence du langage, des idées, des opinions, entre les deux sexes, les rend en quelque sorte étrangers l’un à l’autre, les divise, les désunit, non-seulement dans la société,