Au moment d’élever pour la première fois la voix devant vous, une double émotion m’agite, je souffre d’une double crainte. D’abord, je ressens ce trouble involontaire qu’éprouve tout orateur en abordant son auditoire, et femme, j’ai de plus des préjugés à vaincre, des coutumes à enfreindre puisque jusqu’à présent, presque partout et surtout dans ce pays, l’enseignement oral supérieur a été jugé inaccessible aux femmes. Cependant, la présence parmi vous de personnes qui m’ont accueillie et encouragée lors d’un premier essai que j’ai tenté l’année dernière, me soutient moralement. Depuis, plusieurs d’entre elles, le plus grand nombre même, sont devenues pour moi des amies. Ce m’est une joie et une force que de les revoir autour de moi.
J’ai de grandes difficultés à surmonter, je ne me le dissimule pas. J’ai à chercher moi-même mes mœurs oratoires, des habitudes de langage et des termes convenables à une femme devant un public, et je n’ai aucun précédent pour me servir de guide, de modèle. Je ne veux en aucune façon copier les coutumes des hommes : ce serait sortir de mon rôle et revêtir une nature en désaccord avec la mienne. Ainsi, mesdames, il