n’en est pas une d’entre vous qui ne se sentirait choquée de me voir ici parler debout en gesticulant. Je crois devoir au contraire garder devant vous le calme d’une attitude didactique et ne jamais m’écarter d’un caractère de simplicité tranquille.
Je suis d’avis qu’en tout ce que fait une femme, elle doit rester elle-même ; j’ai toujours blâmé, dans les arts et la littérature, cette imitation servile de l’homme par la femme je la blâmerais de même dans la science. Outre qu’en général je déteste toute copie, soit dans les personnes, soit dans leurs œuvres, nous avons de plus, en tant que femmes, notre génie particulier et nous devons le garder avec soin, le développer même dans ses tendances originales, bien loin de chercher à le dissimuler, à l’effacer. C’est un registre de plus dans le grand orgue des harmonies de la nature. Pour qu’il demeure d’accord avec le concert universel, il doit conserver en tout son intonation et son timbre. Nous devons enfin différer d’esprit autant que de visage, être en toutes choses un être égal et analogue à l’homme, sans jamais tendre à lui devenir pareil, identique.
Ce n’est donc pas une science nouvelle qu’il me faut chercher ; la science pour le fond est une comme la vérité qu’elle poursuit : elle ne saurait différer d’elle-même. Ce que je dois trouver, c’est une forme, une expression féminine de la science. C’est, enfin, un art nouveau que j’ai à créer. Les anciens ont représenté la vérité sous la figure d’une femme d’une beauté