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SON INTRODUCTION EN EUROPE 95

dit Clusius, en fleur ledit Ranunculus siharum pleno flore de deux diverses sortes, il me faudra changer tout ce que j’en ay écrit en ma copie, et me servir de ce que j’ay écrit et observé ceste année, à fin d’en faire la description plus parfaicte… »[1].

Après les précieux renseignements que nous a donnés Charles de l’Escluse, nous croyons utile de reproduire ceux que nous trouvons dans un second ouvrage de Gaspard Bauhin, qui a été publié à Francfort-sur-le-Mein, en 1620, sous le titre de Prodromes Theatri botanici. Il y parle de nouveau de la Pomme de terre, qu’il nomme alors Solanum tuberosum esculentum, ajoutant à son nom primitif le qualificatif de esculentum pour rappeler ses qualités alimentaires. Il s’exprime à son sujet dans les termes suivants, dont voici la traduction.

« Solanum tuberosum esculentum. — Cette plante a une tige qui s’élève de deux à trois coudées[2], et qui dépasse rarement la hauteur d’un homme : elle est épaisse, anguleuse, striée, légèrement velue, et se ramifie en un certain nombre de branches assez faibles pour ramper sur la terre si on ne les soutient par des étais ; aux aisselles de ces branches sont des pédicules épais, anguleux, qui portent les fleurs. Les premières feuilles qui naissent sont semblables à celles de l’Herbe Ste-Barbe (Barbarea) (ainsi que l’exprime fort bien, avec toutes les parties de la plante, la figure que nous avons publiée dans notre édition des Commentaires de Matthiole et que nous reproduisons ici) et d’un noir purpurescent, presque velues. Les autres feuilles sont d’un vert pâle, sans pétiole et longues comme la main : elles sont divisées en six ou huit folioles, ou davantage, qui sont fixées sur une côte médiane et oblongues-arrondies, entières ; entre chacune d’elles se trouvent intercalées deux folioles six fois plus petites, et une foliole plus grande que les autres, mais de même forme, et qui se trouvant être la septième ou la neuvième, termine cette feuille ailée. Les fleurs sont élégantes, extérieurement d’un blanc pourpre, intérieurement purpurescentes ou d’un bleu violacé (on dit qu’on en a obtenu de doubles ou flore pleno en Autriche) : elles sont au nombre de dix, douze ou plus encore, les unes en boutons, plusieurs autres épa-

  1. — Voir : Huit lettres de Charles de l’Escluse (Journal de Botanique, 1895).
  2. — Soit de 0m,90 à 1m,30.