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100 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

entre les autres, et leur disposition n’est pas non plus régulière. À l’extrémité des rameaux de la tige sont insérés plusieurs pédicules qui se divisent en plusieurs autres, lesquels sont velus et articulés, de telle sorte qu’il peut arriver que la partie supérieure tombe facilement ou spontanément avec les fleurs[1]. Ces dernières qui ont un calyce verdâtre quinquepartite, sont aussi grandes que la grande Mauve sylvestre ; elles sont en dehors pâles et un peu velues, mais en dedans d’une teinte purpurescente et parfois blanchâtre. Chaque lobe de la corolle qui est d’une seule pièce est parcouru par une sorte de rayon verdâtre. Au centre se trouvent cinq étamines obtuses, d’un jaune safrané, entourant un style de couleur verte. J’ai vu également sortir en ce point de très petites folioles, de la même couleur que la fleur, qui peuvent être considérées comme des pétales rudimentaires et comme une tendance de la nature à en faire une fleur double. Les fruits succèdent en nombre égal aux fleurs ; ils sont presque aussi gros qu’une Châtaigne, mais de forme orbiculaire, d’un vert noirâtre et un peu velus. Ils renferment beaucoup de semence qui est petite, plate et semblable à celle des Solanum. Les tubercules sont épais, longs d’une palme ou d’une palme et demie[2], ou même beaucoup plus petits : ils sont en dehors d’un rouge foncé et en dedans d’un blanc pâle. Un tubercule donne naissance à plusieurs tiges et produit plusieurs fibres, auxquelles adhèrent plusieurs autres tubercules, gros et petits, insipides. La plante rampe sous terre et s’y propage singulièrement.

» Benzo dit qu’il existe, chez les Péruviens, une sorte de tubercule qu’ils appellent Pape, et qui est une espèce de Truffe, sans presque de saveur. D’après Thom. Heriot, on donne le nom d’Openhauk aux tubercules de l’île de Virginie, qui sont comme liés les uns aux autres, et qui une fois cuits sont bons à manger. Suivant Pierre Ciéça, les tubercules dits Papas, lorsqu’ils sont cuits, ont la pulpe aussi tendre que celle des Châtaignes bouillies : il

  1. — Cette observation est fort intéressante. Le fait qu’elle signale ne pouvait échapper à Clusius, si minutieux dans ses descriptions. Nous pensons qu’on peut lui donner cette interprétation, que la plante, mieux cultivée, commençant à produire de plus gros tubercules, ne donnait plus autant de fruits.
  2. — On remarquera combien ces tubercules avaient gagné en volume depuis le commencement du siècle, puisqu’il s’agit ici d’une longueur d’au moins 7 à 10 centimètres.