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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/118

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104 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

Ainsi donc, les conquérants du Pérou, où la Pomme de terre était cultivée de temps immémorial, l’avaient apportée en Espagne ; des Carmes déchaussés l’avaient de l’Espagne ou du Portugal introduite en Toscane et de là elle s’était répandue en Italie. Il est toutefois à noter que Castor Durante, mort en 1590 médecin du pape Sixte-Quint, qui, dans la 1er édition de son Herbario nuovo, publiée à Venise en 1584, parle et donne le dessin de la Batate (Convolvulus Batatas) ne dit pas un mot de la Pomme de terre (Solanum tuberosum).

En 1632, Pierre Lauremberg de Rostock publiait à Francfort-sur-le-Mein, un ouvrage assez curieux, intitulé Apparatus plantarius primus, dans lequel il parle des Pommes de terre, qu’il appelle Adenes virginiani ou Halicacabus glandifer. Il déclare qu’il les nomme ainsi pour les distinguer des Adenes canadenses, c’est-à-dire les Topinambours, auxquelles elles ressemblent singulièrement. Il ajoute qu’il les qualifie de virginiani, parce que leur patrie est la Virginie, quoiqu’on en ait ensuite importé du Pérou en grande quantité, si bien que, si l’on veut, on peut les appeler Peruviani. « Nous n’avons possédé, dit-il, et nous n’avons connu qu’une seule variété de cette plante, qui peut se propager de deux manières : 1o au moyen des graines ; 2o par les tubercules. Si l’on sème les graines, on obtient finalement un grand nombre de jeunes plantes, mais assez tardivement, après le décours de quelques années. On réussit beaucoup mieux en plantant les tubercules, car avec eux la plante est chaque année si féconde qu’on en recueille souvent cinquante autour d’une racine. Il est important pour leur multiplication de ne pas planter des fragments minuscules, ou de petits tubercules : car en opérant de la sorte, on perdra tout espoir d’obtenir des fleurs, des fruits et même des tubercules. Combien au contraire doit-on faire cas de très gros tubercules ! »

En 1666, Chabrée publiait à Genève, sous le titre de Stirpium Icones et Sciagraphia, une sorte de Résumé très concis avec figures de l’Historia plantarum generalis de Jean Bauhin. Il n’est pas sans intérêt de relater ici ce que Chabrée dit, dans son ouvrage : « qu’on voit aujourd’hui (1666) le Papas americanum, c’est-à-dire la Pomme de terre, dans les Jardins de l’Europe. » On la voit, en effet, à cette époque, figurer dans le Catalogue des plantes du Jardin royal à Paris, publié par Vallot en 1665. Mais ce n’est qu’au siècle suivant